Amnesia, The Dark Descent
Cache-cache dans un château prussien
Amnesia est un nom qu'on prononce d'une voix faible, la
gorge serrée, pendant les soirées geek. On échange ses expériences
comme on raconterait une histoire d'horreur au coin du feu. Ce jeu en
aura marqué plus d'un. Sa renommée est d'ailleurs principalement dû
au bouche-à-oreille et aux vidéos de Let's Play diffusées sur le
net, sa campagne marketing ayant été peu appuyée. C'est une
preuve de l'impact qu'il a eu sur les joueurs. Il s'en faut de peu.
Un corridor plongé dans l'obscurité, une vision trouble, une lampe
presque vide, les supplications d'une femme en fond sonore...
Soudainement, juste derrière vous, le grognement tant redouté. Vous
n'êtes pas seul... Vous courrez aussi vite que vous pouvez, vous
cherchez un endroit ou vous cacher... Un placard, un coin sombre, un
amas de caisses, n'importe quoi... la tension est à son comble...
Et là, immanquablement, vous commettez l'erreur fatale... Alors que
vous jetez un œil dans votre dos, une créature hideuse se jette sur
vous, prête à vous lacérer. Allez, le temps de changer de
pantalon, et on y retourne.
Quels secrets cache ce mystérieux château prussien ? |
Vous y incarnez Daniel, dont on ne sait en
début de partie que très peu de choses, celui-ci ayant fraichement
avalé une potion d'amnésie. Il ne se rappellera que de deux choses.
De son nom et du fait qu'il est poursuivit par une entité
malveillante. Vous en apprendrez plus sur les raisons de sa présence
dans cet étrange château Prussien et sur ses habitants en trouvant
les notes éparses et lors des fréquents flash-back. L’histoire,
bien qu’intéressante par ses côtés mystiques liés à des
expériences occultes, reste assez floue même une fois atteint le
générique de fin, accessible par trois voies différentes. Ce qui
n'est pas forcément un défaut, puisque cela renforce le côté
mystérieux de l’œuvre et vous donne envie de recommencer
l'aventure pour saisir les détails qui vous auraient échappé.
Malheureusement, elle s'avère au final moins profonde qu'on pourrait
le croire. Le tout est cependant teinté d'un côté Lovecraft très
agréable et bien maitrisé, faisant parfois directement écho à sa
mythologie.
Il va falloir courir... |
Le succès d'Amnesia est dû en grande partie à un
choix de gameplay souvent très efficace : vous faire incarner un
personnage sans compétence particulière, sans arme et sans
protection. Oubliez la peur panique du " Bordel, un zombie, ou
est ce que j'ai mis mon foutu flingue ? " très prisée des
Resident Evil, et lancez vous dans une partie de cache-cache macabre.
En effet, la seule option qui s'offre à vous lorsque vous
rencontrerez un ennemi sera de fuir et de trouver un endroit où vous
cacher. Vous comprendrez aisément que les scènes qui en découlent
sont fortes en émotion. Les passages se déroulant en milieu
semi-aquatique faisant particulièrement fort dans ce domaine, ceux
qui sont passés par là me comprendront.
Le jeu est également riche en énigmes qui vous
demanderont le plus souvent de jouer avec le moteur physique ou de
combiner certains objets de votre inventaire. La difficulté de
celles-ci est accrue par le côté oppressant du jeu altérant
parfois votre capacité à raisonner. Elles sont ceci dit loin d'être
insurmontables, pour peu qu'on observe correctement son
environnement. En plus des énigmes, le moteur physique servira à l'exploration. Il déroutera ceux qui ne s'y sont jamais essayé lors des premières minutes de jeu, mais se laisse rapidement prendre en main, et s'avère très réussi.
La difficulté des énigmes est bien dosée |
Comme beaucoup de jeux se revendiquant d'inspiration
lovecraftienne, Amnesia propose deux jauges. Une jauge de vie, qui
n'est véritablement utile que lors d’interaction douloureuses avec
l'environnement, les ennemis vous mettant au tapis en deux coups
grand maximum, et une jauge de santé mentale, beaucoup plus
importante. Plus vous resterez dans l'obscurité, plus votre
équilibre psychologique dégringolera. Il est donc très important
de fouiller chaque tiroir en espérant y trouver une boite d'amadou
ou un peu d'huile pour votre lampe. Elles vous éviteront de
nombreuses hallucinations, une vue trouble, et, dans le pire des cas,
la perte momentanée du contrôle de Daniel qui ira se blottir dans
un coin en claquant des genoux. Ce qui pose un léger problème
lorsqu'un monstre est à vos trousses. Il vous faudra donc faire
attention à rester le plus possible dans la lumière, et à
rationner votre huile et vos boîtes d'amadou, l'obscurité étant un personnage à part entière. Malheureusement, la peur ressentie par Daniel n'est pas toujours en adéquation avec la nôtre. Ce qui donne parfois l'impression que le jeu cherche à nous forcer la main, et à nous dire quand avoir peur.
La santé mentale et le niveau d'huile sont à surveiller de près |
Et c'est sans doute là le principal reproche qu'on pourrait formuler à
l'encontre d'Amnésia. Le côté très scripté et mis en scène
des évènements censés provoquer la peur peut sembler dirigiste. Si on se laisse
volontiers surprendre en début de partie, on commence rapidement à
s'habituer à la logique des level designer, ce qui rend certains
passages beaucoup trop prévisibles. Quand les mécaniques de jeu nous sautent aux yeux, l'immersion en prends un coup. Le jeu reste agréable,
mais il perd beaucoup de son côté effrayant. C'est en partie ce qui
explique les avis très divergeant sur le jeu. Si la mayonnaise ne
peut que prendre avec les néophytes, les joueurs habitués au genre
et prompts à émerger d'une ambiance risquent de parfois s'ennuyer.
EN RÉSUMÉ :
Expérience marquante et terrifiante pour la plupart, jeu dirigiste et ennuyeux pour quelques malchanceux, Amnesia reste un incontournable du genre, et un jeu d'horreur de très bonne facture.
DÉVELOPPEURS :
Frictional Games
DISPONIBLE :
Steam, Site Officiel ( 17,49 euros )
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